Pour réaliser ce projet je me suis basée sur le roman Dracula de Bram Stoker et plus particulièrement sur le personnage de Lucy Westenra. Cette jeune femme se fait mordre par le comte transylvanien et va progressivement se métamorphoser en vampire. J'ai alors choisi de créer un costume (taille réelle) de Lucy Westenra qui raconterai la mutation subie par le personnage.
Ce costume est composé d'un corset d'inspiration victorienne en référence au contexte historique de Lucy, et d'une jupe constituée d'une multitude de pétales dont la taille varie de 50 à 90cm. Il s'agit de gravures sur cuivre (eau-forte) pour le corset qui ont été imprimées directement sur tissu, aussi bien pour la couleur de fond que pour le motif; les pétales qui constituent la jupe ont été gravés sur bois et imprimés sur papier japon (papier très fin, à fibre, se rapprochant du tissu). Le jaune indien de la robe fait référence à la vitalité et à la luminosité de Lucy mais aussi à l'astre solaire, au moment de la journée et donc à l'humanité du personnage. La fleur d'ail, présente durant tout le processus de métamorphose, est présente à différentes échelles en tant que motif sur la totalité du costume. Ces motifs font office de flux sanguin, ils sont les artères et les veines de la robe, le sang étant un élément central lorsque l'on parle de vampire. Plus ont descend sur la jupe, plus on s'approche de la couche intérieure des pétales et plus le trait du motif s'élargit. L'hémorragie devient ainsi plus importante à mesure que l'on approche de l'intérieur de la robe et donc du vampire. L'humanité du personnage s'écoule en même temps que son sang. Une fois les pétales effeuillés l'on accède à une gravure en origami recouverte d'une dentelle de têtes de mort formant elles-mêmes un immense crâne. Il s'agit de l'influence néfaste de Dracula qui s'étend sur le squelette du personnage et donc sur la crinoline du costume. Le spectateur doit s'approcher pour deviner ces crânes, la robe agit ici comme une plante carnivore qui appâte sa proie jusqu'à elle en présentant la mort sous ses plus beaux atours. La séduction est donc un élément central dans ce projet. L'origami permet de brouiller le motif plus large de tête de mort mais véhicule aussi l'idée de quelque chose qui se plie-déplie et donc du vampire qui se déploie progressivement à l'intérieur même du corps de Lucy, telle une maladie qui se répand dans le corps du malade. Cette notion de maladie, souvent associée au vampirisme et à sa prolifération, est reprise par le gaufrage sur papier japon apposé sur le bord du corset. Il s'agit d'un motif de plaque de boutons qui est là en tant que seul signe extérieur visible des changements internes que vit Lucy. Enfin une dernière chose, cette robe n'est pas faite pour être portée, il s'agit d'un costume-sculpture et le fait de le présenter sur un mannequin traduit le vide intérieur qui s'installe lentement chez Lucy ainsi que son incapacité progressive à communiquer, la perte du langage et de l'écriture accompagnant la métamorphose en vampire.
C'est un travail qui s'est étendu sur 8 mois et qui a demandé énormément de travail que ce soit au niveau des recherches, de la réflexion, de la gravure, de l'impression et de la couture.
Ce projet a été réalisé en deux exemplaires, un de ces exemplaires revenant à l'Ecole Estienne où j'ai effectué mon DMA gravure.
